Films et vidéos

Parole et récit sont les deux faces de la mémoire immémoriale. C’est ce qui se transmet, ce qui restera du présent dans le long cycle de l’histoire des peuples, c’est la portion d’éternité qui nous rattache aux ancêtres, la possibilité de laisser une empreinte durable pour la postérité.

Les films de la sélection 2013 ont pour caractéristique de se situer consciemment dans le long cours d’une narration dont l’amont et l’aval se perdent dans les arcanes du temps. Nous voici emporté dans l’esquif du présent par un puissant courant qui est l’identité même à laquelle les peuples puisent leur inspiration.

Ainsi Paroles amérikoises, le film d’ouverture, donne-t-il toute la place aux poètes réunis à Ekuanshit à l’invitation de Rita Mestokosho aux rives de la Ulamen Shipi, majestueuse souveraine bientôt cadenassée de barrages. Et, c’est l’écriture singulière de James Welch, le grand écrivain Niitsitapii (Blackfoot), qui prend forme cinématographique dans Winter in the Blood, le film de clôture.

Récit épique des origines (Fuimos gigantes) et de traversées maritimes inimaginables (Point de fuite), geste de titanesques héros contemporains (Xingu, Inacaya) ou d’humbles artisans qui portent sur leurs épaules la suite du monde (Karitonytch), souvenirs des heures sombres (L’Enfance déracinée); mélodies anciennes dont quelques notes subsistent encore avec le débris des langues en voie de disparition (Survival Prayer), quelques notes et puis des chants encore qui se renouvellent et seperpétuent (Mitchif, Congo Square), qui prennent force et deviennent revendications (Diez veces venceremos); récits de sourdes luttes (Polvo, La Belleza/ Nosilatiaj) ou de combats décisifs (Gold Fever); longue mémoire populaire qui revendique sa place au présent (Heart of Sky, Heart of Earth). Toutes ces voix multiples se conjuguent pour former un choeur puissant.

Voici une opportunité unique de contempler comme torrent, la tumultueuse saga des peuples originaires.