Les deux oeuvres de Maria Hupfield semblent poser la question de l’identité selon des perspectives opposées. Avec Made in Kanata, elle aborde avec ironie les clichés qui relèguent tout ce qui concerne les Premières Nations à quelques artefacts ou pratiques étudiés et classifiés selon un ordre qui leur est somme toute étranger. Sagement alignées sur leur corde à linge, les figurines faites de pinces à linge peintes et leur sac de médecine ramènent à la constante nécessité de changer nos perceptions : la quotidienneté comme remède suprême aux mythologies trompeuses.
Quant à Spirit Catchers, qui joue sur plusieurs plans d’interprétation, il faut voir en chacun de ses treize éléments une brillante synthèse des déchirements et des rapprochements propres à tout questionnement identitaire. Chaque image se présente comme le dilemme résolu d’un être bien réel. L’ensemble de l’oeuvre est une réflexion sur l’expérience indigène. Chacun des visages photographiés de face, sans artifice, est recouvert d’un transparent où est imprimée la représentation d’un vêtement traditionnel; les pièces sont ornées de broderies, de tressage ou encore de rubans et de franges. Loin d’être une démonstration de la lourdeur du passé, l’oeuvre produit un résultat paradoxal, fait d’équilibre entre légèreté et gravité, entre humour et tendresse ainsi qu’entre jeu et responsabilité. L’extrême fragilité de l’oeuvre contient à la fois sa force, son originalité et sa poésie.
Spirit catchers (détail)
Maria Hupfield