Raymond Dupuis

Raymond Dupuis a acquis sa formation à l’Institut des Arts Appliqués de Montréal, de 1964 à 1967. Il a depuis lors présenté au-delà de trente expositions individuelles à Montréal et à New – York et participé à de nombreuses expositions collectives au Québec, au Canada et à l’étranger. Ses oeuvres se retrouvent au sein d’importantes collections publiques un peu partout au Québec, en Ontario, en Colombie-Britannique et à Philadelphie. Il a également participé à plusieurs expositions internationales au Canada, aux États-Unis, et en Europe.

Ma grand-mère créait des rituels à partir d’objets qu’elle rassemblait autour d’elle : bois, pierres, feuilles de tabac, sable, petits ossements et mille autres choses.
Elle connaissait bien les mystères des forces de la nature et savait les utiliser à bon escient.
À ses incantations et aux gestes sorciers de ses mains, moi enfant, je répondais par des dessins.

Je ne réalisais évidemment pas que commençait alors le long cheminement de ma vie avec l’art. Le fait de peindre et de sculpter n’est pas pour moi un simple jeu, mais un tout qui me permet de recréer et de métamorphoser une nouvelle perception de l’héritage des anciens comme un lieu où une autre mémoire réside.

Mes assemblages, souvent d’aspect totémique, sont composés de fragments d’appareils électroniques fixés sur des morceaux de bois prenant la forme tantôt d’un tomahawk, tantôt de l’oiseau-tonerre. Je calligraphie sur ces formes les signes colorés des mythologies hopi et navajo, donnant à ces technologies disloquées de la communication la voix des mondes originaires. Mes pictogrammes éclairent d’un jour nouveau mon amérindianité.
Je réponds ainsi à l’élan vital qui m’habite; l’univers spirituel de l’amérindien, perçu avec l’œil du cœur, vit à travers le temps malgré la déchirure du monde actuel.

Raymond Dupuis

1.
J’aimerais dire
Les choses loin
De la tristesse qui s’envase
Devant l’innommable errance
Au bord d’une nation oubliée
Wakinyan tanka
Oiseau tonnerre
Ouvre mon œil du cœur
Fais que je marche
Allumant le jour
Sur le sentier sacré
Afin que me saisisse l’infini
D’une exigence hors d’ici

2.
À retracer
Jusqu’à l’horizon
L’absence
De ces destins fragiles
À contrevent
Entre l’ombre et le feu
De terres vastes dévastées
Depuis trop longtemps
J’enferme mon âme
Dans le silence

3.
Je transcris les symboles
De mon autre souffle
Captant l’antique espace
Quand l’insondable serpent
Se dénoue
Et que se joue
L’approbatif maintenant
Dans le cri imparable
Du caribou en transe
Hurlant au secours
Avant de s’éloigner
Comme l’esprit des quatre vents d’Amérique
J’installe ma tente
Près des fresques de l’absolu
Frappant sur l’os
De la baleine des déjà-départs
M’accordant au rythme
De la Grande Ourse