Urgence, urgence, des crânes semblent hurler, les digues se sont refermées, cauchemar sous les barrages, des villages sont noyés, des territoires rayés de la carte, l’humanité désemparée allume la télé pour le match final. Glenna Matoush n’a pas tout lu sur la « Paix des Braves », elle est allée là-bas et un beau matin une grande rivière a coulé dans son atelier de Montréal.
L’art hautement chamanique de Matoush, tant sa démarche est attentive à la souffrance des âmes, est ici confronté à la dévastation du territoire. Plutôt qu’un livre, Matoush a choisi de nous donner à lire une rivière. Bonne Nuit Eastman River est une oeuvre-choc, un coup porté au développement aveugle. Pourtant, malgré ses ossements et l’âpreté de son traitement, il ne s’agit pas d’une oeuvre désespérée. La grande rivière perlée qui traverse la surface de la toile vient nous rappeler que c’est la vie qu’elle charrie d’un bout à l’autre du territoire. Entre le cri et l’invocation, une voix s’élève contre le silence de la dévastation.
Bonne nuit Eastmain River
Date de création : 2006
Assemblage, crânes, ossements, rubans, bois, métal, perles de verre, cheveux et papier fait main sur toile.