Algonquine de Pikogan en Abitibi, elle naît en 1948. Elle est diplômée de l’Université St-François-Xavier (Nouvelle-Écosse, 1984), du cégep de Chicoutimi (1990), du cégep de l’Abitibi-Témiscamingue (1997), et de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (1998-2000). Elle a travaillé comme agent de projet des programmes gouvernementaux (1991), conseillère en toxicomanie et directrice par intérim au Centre Wanaki de Maniwaki (1992), coordonnatrice des projets contre la violence familiale (1993-1994), directrice des services de la santé au Centre de santé de Pikogan (1996-2000), directrice des Services sociaux Minokin (2001-2002), directrice du développement communautaire au Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or (2003-2004). Elle a repris aujourd’hui son poste de directrice des services de santé au Centre de santé de Pikogan. Alice Jérôme a réuni un recueil de poèmes dont certains ont paru dans le journal Innuvelle, dans des publications internes de sa communauté, dans un CD audio et, aujourd’hui, sur Internet.
(Voir Maurizio Gatti, Littérature amérindienne du Québec : écrits de langue française, Montréal, Hurtubise HMH, 2004, p. 219)
Pour se procurer l’ouvrage : Renaud-Bray · Librairie du Québec à Paris
L’enlèvement (new)
La minute de décision pour ton destin
Qui changera tout pour le pire
De la seule pensée pour la rendre meilleure
D’enlever l’enfant de la main de ses bien-aimés parents
La couper complètement de son monde de rêve
Afin de la rendre conforme
L’innocence d’une petite fille est si précieuse
La considérant comme un danger pour la société
Insensé ! De vouloir la consoler
Quel misérable individu de la toucher
En l’attaquant avec des ciseaux pour la dépouiller de son identité
de ses cheveux
Dans un monde préposément sécuritaire
Face devant seulement l’impuissance, la peur et complètement seule
Quelle cruauté à l’enfant qui demande seulement l’amour
Capable de vivre avec des promesses jamais accomplies
Exprimer avec une colère de silence
Brimer la richesse de sa langue pour satisfaire l’exploitation pour un peuple étranger
La violer complètement de ses droits
Sans défense avec ses murailles comme mur
Avec un rien dans la main
Quelle humanité sommes-nous rendu ?
À ne pas bouger un seul doigt à un appel d’enfant
C’est un génocide total pensent-ils
Mais l’esprit de survie est ENCORE plus fort que jamais.
Texte lu par Alice Jérôme
Le cri délicieux (new)
Sonne d’un ton sonore à l’infini
Pas un seul regard de reconnaissance
Le cri est dérangeant
Mais toujours fidèle à sa mission
Son passage de destruction est inexcusable
Un signe de lavage de mains est nié par l’ignorance totale
Non, pardonner c’est trop difficile
Oui, oublier c’est trop facile
Presque une génération est assimilée
En temps, une autre génération est assurée
Non, c’est trop difficile de réaliser
Oui, c’est trop facile d’ignorer
Que deviendront-ils ?
Une chose certaine : ils ont une volonté de vivre
Quel cri délicieux t’entendre
Une belle musique dans nos âmes d’origine
Texte lu par Alice Jérôme