Instruments

Illustrations : Sylvain Rivard

TAMBOUR D’EAU (kanatio :ià) mot issu de la langue mohawk

Tambour d'eauChez les peuples iroquoiens, le tambour traditionnellement utilisé, est de petite dimension et de forme cylindrique. on verse quelques centimètres d’eau à l’intérieur du barillet de cèdre (thuja occidentalis) ou de tilleul (Tilia glabra), afin de mouiller et tendre la peau, habituellement de cerf (Odocoileus virginianus), retenue à l’aide d’un cerceau fait de bois et de cuir. Ce procédé donne une plus grande élasticité au son. Les battements continus de ce type de tambour, que l’on fait résonner à l’aide d’un bâtonnet sculpté et parfois courbé, accompagnent la majorité des chants sociaux. Le tambour d’eau, utilisé par les hommes, a été conçu pour être joué à l’intérieur de la maison-longue, l’habitation traditionnelle des iroquoiens devenue lieu de culte. Le son produit n’a donc pas une aussi grande portée que les tambours de facture algonquienne.

TAMBOUR (teueikan) mot issu de la langue innue

TambourLes chants et danses des nations de la grande famille algonquienne sont, la plupart du temps, accompagnés de tambours aux formes et dimensions variées. Certains sont formés d’une seule membrane de peau de cervidé tendue sur un cadre de bois avec poignée en babiche à l’endos, tandis que d’autres, moins fréquents, sont plutôt doubles avec poignée sur le dessus du cadre. Dans la version innue, un tendon de caribou (Rangifer tarandus), sur lequel sont enfilés des piquants de porc-épic (Erethizon dorsatum), traverse le côté où la membrane de peau est montée. Ces piquants font ainsi office de sonnailles, donnant un son particulier à l’objet. Le cadre est majoritairement rond mais la forme octogonale existe également. Pour les peuples algonquiens, le tambour est avant tout un objet de culte. Il n’est donc pas rare de le voir orné de motifs et images symboliques ainsi que d’objets médicinaux en pendilles autour de son cadre.

GRAND TAMBOUR (mistikwaskihk) mot issu de la langue crie

Grand tambour

Cet imposant tambour est originaire des régions à l’ouest des Grands-Lacs. L’expansion progressive du mouvement Pow wow est responsable de son introduction dans le nord-est du continent. D’un diamètre d’environ 1 mètre, le cadre de bois dont l’une des faces est recouverte d’une peau de bison tendue, est suspendu à un support de bois en forme de croix pour lui donner une plus grande résonance. De longs batteurs aux embouts variés sont utilisés par les quatre à huit personnes qui forment le groupe de musiciens/chanteurs qui jouent sur ce type de tambour.

CRÉCELLE TORTUE (anowara ohsta :wà) mot issu de la langue mohawk

Crecelle tortueRare objet appartenant exclusivement aux rituels iroquoiens fait à partir du corps de la tortue serpentine (Chelydra serpentina serpentina). Le corps de l’animal est enlevé de la carapace dont les ouvertures ont été cousues après y avoir inséré des cailloux ou des grains de maïs. La tête avec le cou étiré sur un bâton de bois ou un épi de maïs sert de manche. Cette crécelle, dont le son varie avec la grandeur, est jouée par un chanteur désigné qui la secoue ou la frappe sur toute surface solide disponible.

CRÉCELLE EN ÉCORCE (pezagholiganisisiwan) mot issu de la langue abénakise

Crecelle ecorceUn type de hochet iroquoien est fabriqué avec l’écorce de l’orme (Ulmus americana). Une pièce d’écorce de la longueur d’un bras et d’une largeur d’environ 15 cm est prélevée de l’arbre et repliée en deux. Des cailloux, grains de maïs ou noyaux sont insérés à l’intérieur de l’enveloppe et l’écorce est ensuite repliée à l’ouverture et attachée avec des lanières de matières animales ou végétales. Ce type d’instrument n’est pratiquement plus fabriqué, car l’orme est une espèce de plus en plus rare en Amérique du nord.

CRÉCELLE EN CORNE (halonossis) mot issu de la langue malécite

Crecelle corneLes crécelles faites avec la corne du bison (bison bison) ou du bœuf domestique sont fabriquée et utilisée par les Iroquoiens. Les Abénakis les utilisent également. La corne évidée est remplie de cailloux et refermée aux deux extrémités par des pièces de bois. Le manche de bois est légèrement sculpté pour obtenir une meilleure poigne. Le bruissement, d’une hauteur constante, est obtenu en frappant la crécelle contre sa cuisse si l’on est assis ou contre la paume de la main si l’on est debout.

CRÉCELLE EN COURGE (wasawaisisiwan) mot issu de la langue abénakise

Crecelle courgeCertaines variétés de petites courges et la calebasse sont utilisées par les peuples agriculteurs pour fabriquer des crécelles. elles sont séchées puis évidées et ensuite remplies d’une poignée de grains de maïs, de perles de verre ou de noyaux et finalement munis d’un manche en bois souvent décoré d’incisions, de perles et de plumes. cet instrument commun est utilisé dans toutes les amériques et porte le nom générique de maracas (mot de la langue tupi-guarani) en Amérique latine et dans les Antilles.

CLOCHETTES (sokwahiganal) mot issu de la langue abénakise

ClochettesLes jarretières de cuir ou de tissu qui maintiennent les jambières des danseurs, sont souvent garnies de sabots de cervidés. Ces sabots installés en pendilles créent un bruit de grelots lorsqu’ils se cognent les uns contre les autres avec les pas des danseurs. Cet instrument ancien est appelé en langue abénakise « Dodogezawas ». Depuis la période des contacts entre Européens et Autochtones d’Amérique, des clochettes d’étain de cuivre, et autres métaux ont été progressivement introduites dans la culture matérielle des peuples d’Amérique. Elles furent rapidement utilisées pour orner les pièces vestimentaires. Les grelots de métal qui ornent aujourd’hui les chevilles des danseurs de Pow wow découlent de cet ancien usage.

FLÛTE (pikw8gan) mot issu de la langue abénakise

FluteLa flûte et le flageolet sont les seuls instruments mélodiques anciennement en usage chez les Premières Nations d’Amériques du Nord. Ces instruments étaient fabriqués avec divers matériaux, dont le roseau, l’argile, le bois et l’os.

CLAPET (ji’gmaquan ou elaskate’kn) mots issus de la langue micmac

ClapetContrairement aux autres nations, les micmacs utilisaient une forme plus simple d’instrument à percussion pour soutenir leurs danses et leurs chants. la forme la plus ancienne est une pièce d’écorce de bouleau (betula papyrifera) repliée plusieurs fois sur elle-même et frappée à l’aide d’un bâton, cet instrument tenait souvent lieu de tambour. L’instrument de facture micmac le plus particulier est un clapet fait d’un bâton de frêne (Fraxinus nigra) d’environ 35 cm, fendu de moitié en plusieurs lamelles. Le son vibrant est obtenu en frappant le côté lamelles contre la paume de la main. Des artisans de la communauté de Listuguj au Québec et d’Eskasoni au Cap Breton Fabriquent encore ce genre d’instrument.