Kevin Papatie

Kevin Papatie

Kevin Papatie est Algonquin, il vit à 85 km au sud de Vald’Or, à Kitcisakik, un village de 430 personnes. Il s’est impliqué dans le projet Wapikoni, qui offre des stages de formation à l’audiovisuel dans les communautés des Premières Nations par le biais d’un studio ambulant de création vidéo. Avec le court Wabak (2006), il s’est mérité le prix Jeune Espoir Main Film lors du festival Présence autochtone. Son filmL’Amendement (2007) a étéprésenté en première partie de L’Âge des ténèbres de Denis Arcand.

Entrevue avec Kevin Papatie

 

 

 

« J’habite la communauté algonquine de Kitcisakik. Dès la première année où le Wapikoni mobile est arrivé dans la communauté, je me suis retrouvé avec une caméra dans les mains et j’ai reçu une formation. La deuxième année, j’ai livré un témoignage, j’ai fait le son, composé la musique, fait de la traduction. C’est comme ça qu’est née ma passion. C’est à la troisième année que j’ai réalisé Wabak. L’inspiration pour ce court métrage est venue des longues conversations avec mon ami Gilles Penobsway (qui a co-réalisé le film). On s’entend sur la plupart des sujets et en discutant de spiritualité, on s’est dit pourquoi ne pas faire un film sur le bien et le mal.

C’est à Rouyn-Noranda, au Festival du film d’Abitibi-Témiscamingue, que Denise et Denis (Denise Robert et Denis Arcand) on vu mon film suivant, intitulé L’Amendement, qu’ils ont tellement aimé qu’ils ont voulu le mettre en première partie de L’Âge des ténèbres. Mon court-métrage a donc été gonflé en 35 mm pour pouvoir être montré dans tous les cinémas où le film d’Arcand a été projeté. C’est un film qui dénonce les pertes culturelles que nous subissons et le bris des liens familiaux intergénérationnels que ça provoque.

Avec le studio que nous avons maintenant dans la communauté, nous avons eu des contrats pour faire des films notamment pour la prévention de la délinquance juvénile avec Liaison Justice à Val d’Or ; et un autre avec Lebel-sur-Quévillon. Nous avons beaucoup de soutien du conseil de bande, de la Société de développement de Kitcisakik, du conseil en éducation de l’APNQL, du Wapikoni.

Je suis fier que ma communauté ait su donner la parole aux jeunes. C’est un pas de plus dans la voie du progrès et de la guérison. »


Extraits du film Wabak

 

 

 

Deux voix s’adressent en algonquin à un enfant, elles semblent lui murmurer tout près à l’oreille, pendant que l’enfant marche.

On voit d’abord un feu de camp, puis on entend la première voix : « Bienvenue dans la vie Wabak, tu verras, c’est une belle aventure. Sache écouter la nature, marcher la tête haute et les yeux ouverts ».

On voit alors un lac qui se distingue dans le brouillard et la première voix poursuit : « Sache contempler le dégel des lacs et le reflet de la lune sur la neige ». Puis, on aperçoit l’enfant sur la rive de loin, puis un gros plan nous montre son visage de très jeune enfant (3 ans environ) Alors on entend la deuxième voix : Si tu savais, Wabak, tu rebrousserais chemin, tu connaitras le poison de la bouteille… ».

L’image du feu de camp revient avec des étincelles qui montent dans l’obscurité de la forêt. (fin de l’extrait)