Paul Rickard

Paul Rickard

Le président de Mushkeg Media, Paul M. Rickard, est un Cri Omuskego originaire de Moose Factory dans le nord de l’Ontario. Depuis dix ans, il est producteur, réalisateur et cameraman en collaboration avec des maisons de production indépendantes et des organismes dont Nutaaq Media Inc., Wildheart Productions, Wawatay, CBC Nord et l’Office national du film du Canada. Maintenant, Paul se lance dans le domaine des productions indépendantes.

Paul a fait ses études en production radio et télé à l’école du journalisme de l’University of Western Ontario avant de s’associer à la société Wawatay Native Communications comme producteur télévisuel.

En 1994 il arrive à Montréal pour une formation d’opérateur de caméra auprès de l’Office national du film du Canada. Dans cette fonction, Rickard y a créé de plusieurs films documentaires destinés à la télédiffusion, dont Multiple Choices (Alison Burns), et First Nation Blue (Dan Prouty). Il a collaboré à plusieurs autres productions indépendantes, et en 1996 a produit et réalisé la série de CBC Nord Maamuitau.

En 1996, il a fait le scénario, le tournage et la réalisation de son premier film, intitulé : Ayouwin : A Way of Life. Ce documentaire sur le père de Rickard, un trappeur à Moose Factory en Ontario est une production de Wildheart Productions pour télédifusion à l’émission Aboriginal de TV Ontario.

En 1997, il a réalisé Okimah à l’Office national du film. Ce film a pour objet le savoir qu’ont transmis les maîtres-chasseurs chez les Cri, les Okimah, et met l’accent sur l’importance de la chasse à l’oie dans la survie de la culture traditionnelle crie. Ce film en format 35 mm a fait sa première au festival de film de Vancouver en 1998. En 1999, il a réalisé Finding My Talk, dont il est également co-producteur, comme pilote de la série de 13 épisodes, Finding Our Talk, en sa deuxième saison à APTN.

Entrevue avec Paul M. Rickard

Vidéo : Entrevue avec Paul Rickard (en anglais)

 

 

 

Lorsque Paul Rickard grandissait à Moose Factory dans les années 70, il se souvient que son on oncle était un des seuls qui possédaient un téléviseur. Son frère Fred présentait des films « hollywoodiens » que Paul regardait avec grand intérêt. Il aidait d’ailleurs son frère avec les séances de cinéma.

À l’université de Western Ontario, Paul n’a pas étudié le cinéma, mais le journalisme. À son retour à Moose Factory, il a travaillé dans le tout nouveau centre de communication de la communauté. C’était les années 80 et ils produisaient des émissions de télévision en cri pour la Baie James et les environs. Il est resté là trois ans faisant des entrevues avec les aînés, couvrant des événements et des conférences, dans sa langue maternelle, le cri.

Le film « The Winter Chill » lui a été inspiré par une histoire que lui a raconté son père à propos de son grand-père. C’était un court récit d’environ une page et son père lui a dit que ce serait une bonne histoire à mettre en images.

Paul avait toujours été intéressé à faire des films de fiction même s’il a fait surtout des documentaires. Alors, il a adapté cette histoire qu’il a voulu mettre en scène dans le présent. Les anciens récits sont construits afin d’en tirer des enseignements et ils sont aussi pertinents aujourd’hui qu’ils l’étaient dans le passé.

Aujourd’hui les gens vivent dans les communautés et ne vivent plus nécessairement du territoire et de la façon de leurs parents. Paul voulait simplement montrer que les histoires traditionnelles ont leur place dans ce monde moderne.

« The Winter Chill » a été tourné à Moose Factory; s’il avait été un producteur, il aurait peut-être choisi de tourner dans les Laurentides. Mais il tenait à ce que l’action se passe dans son lieu d’origine. C’était un grand défi puisque le tournage s’est fait en février avec des températures de moins 30 degrés.

Il y a 5 ans, Paul a fait une série de documentaires sur les langues autochtones à travers le Canada. Il était intéressant de voir comment les gens des communautés font des projets et des progrès afin de revitaliser et de rehausser leurs langues. Alors, tous les documentaires sont réalisés en langues autochtones.

Les réalisateurs de films ont un rôle important à jouer auprès des communautés. Si Paul fait un film en anglais, il le fera traduire en cri ou dans la langue autochtone des sujets de ses films.

Paul est très inspiré par les aînés et par les histoires qu’ils racontent. Il pense que le rôle des cinéastes est de continuer leurs histoires en les mettant en images. C’est aussi important de transmettre les connaissances aux jeunes et de travailler avec eux à travers des programmes de formation ou en donnant des ateliers. C’est d’ailleurs un des buts du festival du film de Moose Factory où des cinéastes autochtones offrent des ateliers depuis 2001.


Extraits du film The Winter Chill de Paul M. Rickard

Vidéo : Extraits du film The Winter Chill (en anglais)

 

 

 

C’est une scène d’hiver. Dans les bois on voit la forme d’un cervidé. L’image suivante montre des conifères qui se balancent dans le vent. Puis un gros plan de branches d’épinette suivi d’un retour sur les conifères. Une étendue de neige parsemée de traces de pas apparaît au premier plan.

La scène suivante montre ce qu’une personne verrait si elle marchait dans le bois. Elle aperçoit la silhouette d’un homme qui coure devant elle. Puis on voit encore des arbres qui défilent.

Dans la scène subséquente, un homme d’âge moyen est assis à une table dans ce qui semble être un camp de chasse. Il est éclairé par une lampe à l’huile qui pend au dessus de la table. Il nettoie un fusil. Il se retourne lorsque la porte s’ouvre, laissant entrer un autre homme. Ce dernier est jeune et semble à bout de souffle. Il dévisage l’homme à la table.

On voit le jeune homme qui vient d’enter enlever ses mitaines et détacher son manteau. Il est évident que les deux hommes se connaissent. Ils entrent en conversation. Le jeune homme a l’air énervé. Il se déplace en contournant la table tout en saisissant une bouteille d’alcool dans un sac de tissus. L’homme au fusil le regarde faire. Il parle au jeune homme qui s’assoit de l’autre côté de la table en parlant lui aussi. Il a gardé sa tuque sur la tête et est toujours essoufflé. Il a l’air très en colère. L’homme au fusil se tait pour laisser l’autre raconté ce qu’il a à dire.

Le jeune homme se verse une ration d’alcool dans une tasse de métal. L’homme au fusil fait un commentaire au jeune homme. Ce dernier continue son discours. Il semble maintenant plus calme.