Rachel-Alouki est une Abénakise qui a grandit avec les Mohawks de Kanesatake. Depuis toute petite Rachel-Alouki se promène avec des appareils photos, une caméra super 8 et raconte des histoires à travers ses images. Elle s’est rendue rapidement compte que les Premières Nations du Québec étaient méconnues des non-autochtones… L’idée de sensibiliser les gens d’une façon positive sur son monde lui est venu naturellement depuis ce jour, et surtout depuis le conflit à OKA-Kanesatak.
Rachel-Alouki Labbé est une femme énergique et entraînante, passionnée et passionnante, qui ne rêve à rien de moins que de changer le monde ! Elle s’amuse à semer partout dans la province la passion pour la création de films et parle, avec sensibilité, des différentes communautés autochtones. À travers ses films, cette diplômée en communications cherche à faire taire les préjugés et surtout à mettre en valeur et à faire connaître la force des Premiers Peuples. À ses yeux, le rapprochement passe par la connaissance mutuelle. «Il faut prendre le temps d’apprendre à connaître les autres, leur culture, leur réalité. C’est en les comprenant qu’on peut accepter les différences et les ressemblances».
Après avoir été refusée à la défunte émission de Radio-Canada, la Course Destinations Monde, dans laquelle elle était dans les finalistes, Rachel-Alouki décide de faire sa propre course et part explorer l’Afrique, l’Asie et l’Amérique centrale, une caméra à la main. De retour au Québec, elle obtient un mandat de l’Agence Canadienne de développement International pour la réalisation d’un documentaire sur le développement durable au Costa Rica. Elle décide ensuite de s’impliquer dans le festival Vues d’Afrique. «Je voulais sensibiliser les gens à toutes les formes de racisme». Elle a réalisé plusieurs documentaires en territoire autochtone diffusés sur APTN et réalisé pendant 4 ans l’émission Quand passe la cigogne, diffusée sur Canal Vie, en plus de participer aux tournées de la Wapikoni mobile de l’Office National du Film.
Les jeunes lui tiennent à coeur, elle a réalisé un documentaire sur le décrochage scolaire qui sera diffusé dans toutes les communautés afin de donner aux jeunes le plaisir de l’éducation, une initiative du Ministère des affaires Indiennes.
Une bourse de Téléfilm Canada lui a permis d’écrire sa première série fiction portant sur des jeunes autochtones et non autochtones à la recherche de leur monde dans l’action, les légendes et le paranormal ! À travers toutes ses responsabilités, elle n’a pas l’intention de ralentir et prévoit même d’autres tournages dans les communautés autochtones et à l’étranger. Elle a fondé Alouki films, maison de production spécialisée dans le monde autochtone d’ici et d’ailleurs.
Le leitmotiv de Rachel-Alouki : donner une voix aux Premières Nations du Canada et d’ailleurs… Des images pour et par les Premières Nations !
Entrevue avec Rachel-Alouki Labbé
Le début de carrière de Rachel-Alouki Labbé a été parsemé de coïncidences. Alors qu’elle était au chômage, elle a rencontré une amie avec qui elle a parlé tout bonnement de ce qu’elle voulait faire. Elle rêvait de faire des photos sur les accouchements. L’amie lui dit que l’on cherchait une réalisatrice pour un projet de film qui s’intitulait « Quand passe la cigogne ». Très peu de temps après, elle était engagée pour réaliser ce film d’une demi-heure.
Ce fut le coup de foudre avec la réalisation. D’autres projets ont suivi. C’est encore une amie qui lui a dit que l’APTN cherchait une réalisatrice autochtone pour travailler à la série « Ça clique ». Elle a fait parvenir ses films récents à la personne en charge du projet. Mais il l’a abondamment critiquée en disant que ses réalisations manquaient de créativité. Elle l’a quand même rencontré avec des copies de ses plus anciens films. Elle a été engagée et s’est rendue dans les communautés. Une expérience jubilatoire.
Réaliser des films sur les autochtones est une bonne façon de se donner une voix. Elle a créé sa compagnie « Alouki films » et travaille d’arrache pied pour que ça fonctionne. Une co-production a été réalisée avec le « Wapikoni mobile ». Il s’agit d’un film commandé par les Ministère des affaires indiennes au sujet du décrochage. Il met en vedette le rappeur algonquin Samian. Rachel-Alouki croit que ça va donner aux jeunes le goût de rester à l’école.
Elle travaille sur trois autres films sur la naissance. D’abord au Mexique avec les femmes autochtones, puis en Uganda, dans un camp de réfugiés et finalement en République dominicaine. À partir de sa naissance, quelles sont les perspectives d’avenir de l’enfant.
Rachel-Alouki est pleine de projets et d’espoir. Elle s’enthousiasme à l’idée que des jeunes autochtones soient présentement formés en cinéma. Le travail doit être constant, au jour le jour.
Extraits du film L’espoir de Dany-Koo de Rachel-Alouki Labbé
Les premières images ouvrent sur de la fumée et un feu de camp. Elles sont suivies immédiatement d’un gros plan de tambour et d’une main qui en joue avec un bâton. Puis un gros plan de pieds féminins qui dansent, suivi de l’image d’une jeune femme habillée d’une robe et d’un châle traditionnels. Elle danse au rythme du tambour à l’intérieur d’un grand tipi.
Le feu réapparaît pour se fondre immédiatement dans l’autre image qui représente, en gros plan, les têtes d’une jeune femme et d’un jeune homme qui conversent.
L’autre scène nous transporte sur une route de terre bordée d’arbres. Le titre du film apparaît à l’écran en attikamekw et en français. La route nous mène à un gros plan de trois plumes d’aigle accrochées au châssis d’une fenêtre.
Bientôt on voit s’approcher un jeune homme et une jeune femme qui marche la main dans la main. Il est grand et mince, dépassant sa compagne d’une tête. Ils ont l’air heureux. Dans la scène suivante ils sont assis au bord d’une rivière. La jeune femme parle devant la caméra. On la voit aussi en gros plan. Elle continue de discourir tout en replaçant les mèches de ses cheveux longs qui sont agités par la brise. Le visage de la jeune femme est très joli et semble illuminé d’espoir.
Dans la scène suivante, la caméra est de retour sur la route. Le paysage est couvert de neige. Les arbres défilent devant la lumière du soleil qui les transperce de ses rayons. On dépasse deux silhouettes humaines sur la route.
Dans la scène suivante, le spectateur se retrouve dans la cuisine du jeune couple. Ils sont enlacés devant la cuisinière. Ils s’embrassent puis se séparent afin que la femme prenne un bébé qui est apporté par une autre jeune femme.
L’autre plan nous montre la jeune mère qui parle devant la caméra. Elle est dans la chambre du bébé car on voit un petit lit et des jouets derrière elle. Dans l’autre scène, les jeunes parents cajolent et embrassent leur bébé qui est dans les bras de sa mère. Finalement, toujours dans la cuisine, on voit la jeune mère qui danse avec le bébé. Une autre jeune femme, ainsi qu’une jeune fille sont avec elle. Toutes deux prennent le bébé dans leur bras à tour de rôle.