Seymour Polatkin (interprété
par Evan Adams) poète adulé et célébré
ne sera pas prophète en son pays. Son succès
comme son mode de vie -Seymour est gay- le rendent suspect
aux yeux d'Aristotle Joseph son meilleur ami qui, lui,
continue d'habiter la réserve. Business of
Fancy Dancing, long métrage écrit
et réalisé par Sherman Alexie, touche
du doigt la difficulté d'être de nombreux
jeunes des Premières Nations.
Dans Mocassin Flats, réalisation
de Randy Redroad, c'est du ghetto de Régina que
Justin, le jeune héros du film, croit pouvoir
échapper car il a obtenu une bourse pour étudier
à Vancouver. Mais lui aussi devra apprendre à
composer avec une réalité qui s'acharne
contre les meilleures volontés. Produite par
la dynamique maison de productions Big Soul, dans le
cadre d'un programme de formation aux métiers
du cinéma, la vidéo a tant séduit
que la télévision va en faire une série
dramatique que l'on pourra suivre sur APTN.Attache ta
tuque! est dans ce contexte une injonction bien appropriée.
Dans ce long métrage de Denis Boivin, tourné
avec une approche comparable à celle de Mocassin
Flats, c'est à la maffia russe (rien de moins)
que Sam (Wally Cheezo), un jeune Algonquin, devra se
coltailler au cours d'un périple plein de soubresauts
qui le mènera de son Abitibi natale à
la basse Côte-Nord.
Les histoires exemplaires
ne se terminent pas pour autant toujours bien
Annie May Aquash, la militante de l'American
Indian Mouvement est trouvée morte dans le désert
avec les mains coupées pour éviter toute
identification. De nombreuses années après
le drame, Catherine Martin se penche sur le parcours
de sa compatriote mi'gmaq. Spirit of Annie May est un
documentaire qui jette un regard sans complaisance sur
une époque troublée et questionne non
seulement les manipulations politiques du FBI mais aussi
le machisme présent dans les organisations militantes.
Survivre, c'est
combattre
La vidéo de combat continue à
ponctuer les avancées dans les droits des Premiers
Peuples qui ne sont pleinement assurés nulle
part sur la planète.
La couronne est-elle en guerre avec nous?
se demande Alanis Obomsawin qui a tourné Is the
Crown at War with us? au sein de la communauté
mi'gmaq de Burnt Church au plus fort de la crise du
homard.
Pérennité
de l'engagement
La résistance et la patience des
peuples premiers à survivre et à regagner
le terrain perdu est une vertu transmise de génération
en génération et l'exemple des aînés
demeure une source d'inspiration dans la vie comme au
cinéma.
Elisapee Isaac dans Si le temps nous
le permet engage un dialogue posthume avec son grand-père,
homme de tradition qui fut porte-parole des opposants
inuit à la Convention de la Baie James et du
Nord.
Renaissance des
nations
Dans Je suis Tu es l'invention des Jivaros, une production
dans la lignée des grandes réalisations
faites pour la chaîne ARTE, le réalisateur
reprend le parcours qui part d'un questionnement sur
une l'image fabriquée et qui aboutit à
la découverte de la réalité actuelle
d'un peuple; Yves de Peretti déblaye ainsi une
sentier original à partir d'une obsession toute
personnelle et son chemin le mènera loin de chez
lui à la rencontre d'une culture indigène
d'Amérique.
Le film australien Explorations est une suite de courts
métrages de fiction réalisés par
de jeunes cinéastes aborigènes avec tous
les moyens du cinéma. Sa présentation
en ouverture de Présence autochtone 2003 n'est
pas le fruit du hasard. De nouvelles perspectives s'ouvrent
avec l'entrée en scène d'imaginaires longtemps
refoulés dans les arrières coulisses de
la production culturelle. Donner à la jeunesse
des populations originaires les moyens d'affirmer leur
originalité est désormais une nécessité
à laquelle des énergies et des ressources
doivent être consacrées : ici et maintenant.
En un mot comme en mille, Explorations doit ouvrir la
voie et mener à des découvertes. Et les
cinéphiles seront comblés.
Tarif, horaire et programmation disponibles sur
place
Rétrospective
Merata Mita
La filmographie de Merata Mita peut se lire
comme une randonnée le long des plages de Aoteora (Nouvelle-Zélande)
où l'océan viendrait nourrir les rêveries
d'une promeneuse solitaire contemplant sur la rive galets
et coquillages, fragments de civilisations en dérive,
algues et nappes bitumineuses, noyés pensifs et débris
multicolores. S'y retrouvent les grandes luttes contemporaines
contre le racisme et l'apartheid avec bruits de bottes et
cris d'espoir (Patu); la reconstruction des bateaux maoris
légendaires qui ont permis le peuplement des îles
du Pacifique (Mana Waka); les cérémoniels anciens
de l'île de Pâques (Te Pito o Te Henua : Rapanui);
le tambour maori (Te Pahu) et les accents reggae des rastafaris
(Dread); le jazz et les questions existentielles de l'homme
contemporain dans l'œuvre d'un artiste (Hotere). Bref, l'univers-
notre univers- morcelé et reconstruit dans une mosaïque
maritime, vaste fresque qui tiendrait dans une conque avec
la polyphonie des mers et des mondes.
Un classique ne devient un classique que s'il
trouve encore un sens aux yeux de sa postérité.
On a tout dit sur Nanook of the North de Robert Flaherty.
La puissance de ses images continue d'envoûter. La singularité
de sa genèse et l'exploit humain que constitue son
achèvement en font un des documents essentiels de l'histoire
du cinéma.
Les sons envoûtants, comme venus de l'intérieur,
des chanteuses de gorge Sylvia Cloutier et June Shappa, se
mêlent aux notes improvisées du piano. Sylvia
Cloutier, de par sa formation en théâtre et en
danse, a cet esprit créateur qui permet l'ouverture
et l'écoute nécessaires pour dessiner un univers
sonore bouleversant. Elle et sa collègue ont la maîtrise
de cet art toujours étonnant qu'est le chant de gorge.
Elles le transmettent comme elles l'ont reçu, avec
respect et dignité. En le partageant avec les musiques
de Thibaudeau et les images saisissantes de Flaherty, elles
donnent aux spectateurs la possibilité de ressentir
presque de l'intérieur l'excitation d'une chasse, la
fatigue d'un long voyage ou le repos après un jour
de dur travail
Une expérience cinématographique
étonnante, des images hors du temps, de vastes univers
sonores et la pulsation obstinée de la vie qui gagne
sur le froid.
Les addresses importantes
du festival Présence autochtone
2003 :
Parc Émilie-Gamelin, quadrilatère Berri,
Sainte-Catherine, Saint-Hubert, de Maisonneuve
Cinéma ONF,
1564, rue Saint-Denis
Cinémathèque
québécoise, 335, boul. de Maisonneuve Est
Kateri Hall,
Kahnawake
Usine C, 1345,
ave Lalonde
Bibliothèque
nationale, édifice Saint-Sulpice, 1700, rue Saint-Denis